Éh toi, qui a tant de Galgos. J’ai deux mots à te dire.
Mon nom est K’pone, je suis un Galgo qui, comme beaucoup d’autres, a un jour appartenu à un galguero espagnol..
Je ne vis plus en Espagne car cette terre n’est pas sûre pour ceux de ma race, j’ai dû m’enfuir pour ne pas mourir.
Je voudrais te demander si tu es fier de ce que tu fais subir à tes Galgos ? Ne fais-tu jamais de rêves abominables hantés par les gémissements de tous ceux que tu as pendus et torturés ? Quel plaisir peux-tu bien ressentir quand tu nous abandonnes ainsi, terrorisés, luttant pour nos vie, sans rien comprendre à ce qui nous arrive ?
Éh toi, qui a tant de Galgos, sais-tu que je repense souvent à toi maintenant que je suis protégé de cette terreur que tu as fait naître en moi à jamais ? Cela fait un an que je suis en sécurité loin de tes mains, mais jamais je ne cesserais de scruter tous les visages des gens croisés dans la rue. J’ai trop peur que tu ne te matérialises soudain devant moi pour me reprendre et me faire du mal, comme dans chacun des souvenirs que j'ai de toi.
Non, tu ne le sais pas, toi, tu m'as oublié depuis longtemps, je n'ai pas marqué ton esprit au fer rouge, je ne t'ai pas fait souffrir, je ne t'ai pas affamé, ton corps ne porte aucune cicatrice que je t'aurais infligée.
J’ai tant appris depuis ma fuite. Tout ce que tu m’avais fait croire n’était que des mensonges…
Nous ne sommes pas ordures malgré ces mots mauvais qui jaillissaient constamment d'entre tes lèvres serrées, ta hargne quand tu nous manipulais, ta rage quand je refusais de chasser. Je sais à présent que je ne suis pas né pour être torturé, je ne suis pas né pour mourir pendu. Je suis né pour être aimé et respecté. Je suis né pour vivre en harmonie avec les Hommes. Je suis né avec le droit d'être choyé et heureux.
Et toi, pourquoi es-tu né ? Pour être un assassin de Galgos ? Je préfère être à ma place qu’à la tienne. Je préfère être une créature pacifique n’ayant jamais fait de mal à qui que ce soit, savourant la vie, observant le monde depuis mon canapé confortable, vivant heureux auprès de gens qui m'aiment. Ton âme ? Ta conscience ? Des concepts, tu n’en es pas doté…
Adieu galguero.
A mes chers congénères restés en Espagne je dis, "Dès que l'occasion vous en sera donnée, courrez, fuyez, cachez-vous pour sauver vos vies ! J’espère que, comme moi, vous aurez la chance de croiser le chemin d’un Ange des Lévriers qui vous mettra sur la route de votre vrai foyer".
